Histoire

Relrac2016 - Le récit sacré sur l'Histoire des "races" et des nations d'après Benito Jeronimo Feijoo

1 juin 2016
Durée : 00:23:31
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Colloque international - Les religions face aux théories et aux politiques de la «race» (XVe-XXIe siècle)

 

Le récit sacré sur l'Histoire des "races" et des nations d'après Benito Jeronimo Feijoo

Intervenante : Paola Martinez Pestana, Université autonome de Madrid

 

Bien avant la polémique ouverte par l’abbé Raynal, par le prêtre Stanhope Smith, par le comte de Buffon ou encore par Cornelius de Paw sur l’origine naturelle et religieuse des « races humaines », le bénédictin Benito Jerónimo Feijoo avait réfuté en 1726 la théorie préadamite sur la diversité de « races ». En analysant les conséquences du déluge universel, mais aussi en se servant de nouvelles hypothèses sur les mouvements et les changements à la surface de la Terre, l’abbé Feijoo expliquait la manière avec laquelle les descendants d’Adam avaient pu traverser les océans avant d’être séparés par de nouveaux mouvements terrestres. Ainsi, le bénédictin espagnol défend dans son Théâtre critique universel l’unité de la « race » humaine et l’inexistence de hiérarchies physiques ou morales. Quand l’abbé Feijoo veut expliquer l’origine de la couleur « éthiopienne » de la peau, il utilise des raisons uniquement naturelles, en opposition aux interprétations bibliques très répandues au XVIIIe siècle qui attribuaient la couleur « noire » des Africains à la malédiction jetée par Dieu sur la descendance de Cham. L’oeuvre de Feijoo est extrêmement bien accueillie en Amérique auprès des « Indiens » et des Créoles puisqu’elle les dédouanait des conjectures infâmantes sur leurs origines. La critique des idées raciales proposée par Feijoo offre un autre éclairage sur la société de son temps : « Nos yeux intellectuels atteints du même défaut que nos yeux corporels nous montrent les choses éloignées plus petites qu’elles ne le sont en réalité […] Dans les Nations qui sont très lointaines nous nous figurons les hommes si petits en tant qu’hommes, qu’ils arrivent à peine à êtres rationnels. Si nous les considérions de près, nous aurions un autre avis ».

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